mardi 18 mars 2014

Le suicide de Cleopatre

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A la mort de son père, Cléopâtre épouse son demi-frère Ptolémée XIII qui avait alors 11 ans. Elle devient la reine d’Égypte à 17 ans en 51 av. J.-C.

Très vite, elle est écartée du pouvoir par son époux et sa sœur Arsinoé. Pour retrouver son trône, elle va demander de l'aide au général romain Jules César. Lorsque Jules César voit pour la première fois la jeune femme, il en tombe amoureux. Une fois que les armées du général romain ont vaincu celles du pharaon, Jules César rend le trône d'Égypte à Cléopâtre et à son autre frère Ptolémée XIV. Malgré cette union, la reine d'Égypte et le général entretiennent une relation amoureuse. De leur amour naîtra un fils Césarion ou Ptolémée XV.


A la mort de Jules César, Cléopâtre séduit un autre général romain : Marc Antoine avec qui elle aura 3 enfants (2 fils et une fille). Marc-Antoine semblant vouloir donner la partie orientale de l'empire romain à ses enfants égyptiens, son rival Octave (qui gouvernait la partie occidentale de l'empire) lui déclare la guerre. Après la défaite des troupes d'Antoine et de Cléopâtre à Actium en 31 av. J.-C. il ne reste plus aux vaincus qu'une seule solution : la mort pour échapper à l'humiliation due à leur défaite.

Cléopâtre selon la version de Plutarque dans les Vies Parallèles se réfugie dans son Mausolée alors inachevé et fait prévenir Antoine qu'elle est morte. Antoine le croit et se dit à lui-même :


" O Cléopâtre, ce dont je souffre, ce n'est pas d'être privé de toi, car c'est dans l'instant que je vais te rejoindre, mais c'est que moi un général d'une telle renommée, je me sois montré inférieur en courage à une femme."

Puis il demande à son serviteur Eros de le tuer ; ce dernier préfère se donner la mort plutôt que d'obéir à son maître. Antoine, alors défait sa cuirasse et se frappe au ventre avec son épée. Cléopâtre fera transporter son amant agonisant au Mausolée. Octave laissera à Cléopâtre le corps d' Antoine pour qu'elle l'enterre selon ses volontés.


La mort de Cléopâtre

Cléopâtre tente d'abord de se tuer à l'aide d'une dague de brigand qu'elle portait à la ceinture, la plaie s'infecte et Cléopâtre y voit l'avantage de mourir sans avoir recours au suicide. Octave vient s'entretenir avec elle ; il la trouve vêtue d'une simple tunique, la beauté défaite. Cependant le charme fameux dont elle était douée et l'orgueil que lui inspirait sa beauté opèrent auprès d' Octave. Elle lui laisse croire à son envie de vivre puis, après son départ, décide de mettre fin à ses jours. L'aspic, selon Plutarque, aurait été placé dans une corbeille de figues, dissimulé sous des feuilles. Cléopâtre en aurait donné l'ordre pour que l'animal l'attaquât sans qu'elle le sût. En enlevant des figues, Cléopâtre le vit et offrit son bras à la morsure. Puis elle fit parvenir une lettre à Octave. Il envoya aussitôt auprès d'elle ses gens :

 
(...) "ils la trouvèrent morte, allongée sur un lit d'or, parée de ses vêtements royaux. L'une de ses suivantes nommée Iras était en train de mourir à ses pieds ; l'autre, Charmion déjà chancelante et la tête alourdie arrangeait le diadème autour de la tête de sa maîtresse. "
Telle fut la fin de Cléopâtre, fin "digne de la descendante de tant de rois " selon le mot de Charmion à l'un des envoyés d'Octave.

Le tableau : La mort de Cléopâtre



Le peintre a pris quelques libertés avec la tradition historique. En effet, il rassemble dans le même tableau la mort d'Antoine et de Cléopâtre. Dans la version de Plutarque, Antoine meurt le premier, trompé par le messager de Cléopâtre. Celle-ci, privée du goût de vivre et refusant de figurer au triomphe d'Octave se suicidera quelque temps après, pour échapper à cette infamie.

Antoine est représenté au premier plan, en bas, à gauche. Son visage est dans l'ombre, sa poitrine livide laisse apparaître le coup fatal qu'Antoine s'est porté. Le corps est montré dans son abandon. Le bras droit, touche le sol, la main est près du glaive rougi. Un soldat enveloppe dans le linceul le corps d'Antoine et regarde un militaire aux mains jointes. Les cuirasses des soldats aux couleurs chaudes, le brocard d'or du lit de parade sur lequel est étendu Antoine apportent un contraste saisissant à la lividité du torse, la blancheur du linceul, l'éclat métallique de la lame du glaive et au bleu dur de la tunique. La scène est d'une grandeur sublime ; au déshonneur de la défaîte, le héros n'a qu'une réponse à proposer : le suicide.

Le suicide de Cléopâtre

Cléopâtre est au second plan du tableau. Elle occupe la place centrale. Elle est représentée, la tête inclinée, tenant dans sa main droite l'aspic mortifère. Ses habits, comme il sied à son rang, sont de pourpre et d'or, rehaussés de fines broderies. Ils mettent en valeur la beauté du buste, l'éclat de porcelaine de la chair, l'aréole rosée des seins. Les yeux sont mi-clos ; Cléopâtre semble glisser dans la mort avec une retenue propre aux êtres d'exception. Auprès d'elle deux suivantes. Faut-il y voir Irias et Charmion évoquées dans le récit de Plutarque ? Elles soutiennent leur maîtresse dans ses derniers instants. Une autre, à l'arrière, porte une urne, tandis qu'à l'avant, sur la droite une femme fait un geste d'adieu à Cléopâtre et une compagne essuie ses larmes.

Conclusion

Alessandro Turchi a rassemblé les deux amants dans leurs derniers instants. Unis dans la vie, ils sont côte à côte dans la mort. L'histoire ne peut séparerleurs destins : même gloire dans leur vie, même courage dans la mort. L'éclat du triomphe d'Octave aurait été augmenté par la présence des deux captifs ; le Romain, ravalant ses prétentions, devra, selon Plutarque, se contenter de faire figurer à son triomphe la statue de Cléopâtre, l'aspic attaché au bras ! L'Histoire retiendra cependant les larmes d'Octave pour la fin tragique d'Antoine, l' admiration d'Octave pour la grandeur d'âme de Cléopâtre, le respect d'Octave pour la fin digne des deux amants qu'il fera ensevelir l'un auprès de l'autre avec une magnificence royale. Quitter la vie avec éclat est l'apanage des esprits forts ; c'est à la postérité qu' Antoine et Cléopâtre ont légué leur geste sublime. Le tableau de Turchi en est le subtil relais.

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