dimanche 11 mai 2014

L'oeuf du Monde

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L'ORIGINE DE LA SYMBOLIQUE UNIVERSELLE
L’œuf a figuré comme emblème sacré dans les Cosmogonies de tous les peuples de la terre et a été vénéré, tant à cause de sa forme qu'à cause du mystère qu'il renferme. Dès l'origine des premières conceptions mentales de l'homme, il a été considéré comme le symbole qui représentait le mieux l'origine et le secret de l'Etre. Le développement graduel du germe imperceptible dans la coquille fermée ; le travail intérieur qui, sans l'aide apparente d'une force extérieure, avec un rien latent, produit un quelque chose d'actif, sans autre apport que la chaleur et qui, après avoir graduellement évolué une créature vivante et concrète, brise sa coquille et apparaît aux sens extérieurs de tous comme un être auto-généré et auto-créé ; tout cela a dû constituer dès le commencement un miracle permanent.

L'Enseignement Secret explique cette vénération par le Symbolisme des races préhistoriques. Au commencement, la Cause Première n'avait pas de nom. Plus tard, elle fut représentée dans l'imagination des penseurs par un Oiseau, toujours invisible et mystérieux, laissant tomber dans le Chaos un OEuf qui devint l'Univers. C'est pourquoi Brahmâ fut appelé Kâlahamsa, le "Cygne dans le Temps".

Devenant "le Cygne de l'Eternité", Brahmâ pond, au commencement de chaque Mahâmanvantara, un oeuf d'Or qui typifie le grand Cercle, qui est lui-même un symbole de l'Univers et de ses corps sphériques.

La seconde raison pour laquelle l’œuf a été choisi comme la représentation symbolique de l'Univers et de notre Terre, c'est sa forme. C'est un Cercle et une Sphère ; et la forme ovoïde de notre Globe doit avoir été connue dès les débuts de la symbologie, puisque l’œuf a été si universellement adopté. La première manifestation du Cosmos sous la forme d'un oeuf, était la croyance la plus répandue de l'antiquité. C'était un symbole adopté chez les Grecs, les Syriens, les Perses et les Égyptiens.
L'UN DES 4 MODÈLES DE MYTHES COSMOGONIQUES 
Avec le symbolisme de l’œuf, on touche aux mystères de la création et de la vie. C’est le symbole le plus en rapport avec les mystères du vivant. Il nous fait aller dans une dimension très paradoxale, celle du passage entre le chaos et le monde différencié, quand les choses commencent à venir à l’existence, le moment où tout est encore possible. Passage de l’Un au multiple. Le Zéro est à la fois avant le Un et après, et dans ce cas, c’est l’espace de la création.Le paradoxe de la poule et de l’œuf n’a pas de solution si l’on se situe dans l’espace temps chronologique, mais pas si l’on se situe dans ce temps mythique, non chronologique, où les éléments coexistent.
L’ŒUF OU LA REPRÉSENTATION DU CHAOS
Le chaos représente la totalité parfaite, androgyne qui contient tout, mais où rien n’est différencié. L’œuf est alors une réalité primordiale, qui contient en germe la multiplicité des êtres qui vont en sortir. L’œuf apparaît souvent sur les eaux ou sur un tertre. Il résulte de l’action du Verbe créateur, le vent qui souffle sur les ténèbres, soit pondu par un oiseau. Tradition orphique

Théogonie orphique connue par Aristophane et Platon :

  • « A l’origine était le Vide, et la Nuit, et le noir Erèbe, et le large Tartare ; la Terre, l’air ni le ciel n’existaient pas encore. Mais dans les profondeurs infinies de l’Erèbe, la nuit aux ailes noires enfanta un œuf sans germe, d’où sortit, à la saison fixée, Eros le désirable, le dos resplendissant de deux ailes d’or, pareil aux tourbillons rapides comme le vent. S’étant uni de nuit au vide ailé, dans le large Tartare, il façonna notre race (à nous les oiseaux) et la fit surgir la première à la lumière. Celle des Immortels n’existait pas avant qu’Eros n’eût opéré l’union de toutes choses : du mélange progressif des éléments entre eux sortirent le Ciel, l’Océan, la Terre, et la race impérissable des dieux bienheureux. »
L’œuf est l’origine de tout, symbole de l’unité primordiale. Il est l’image du vivant achevé, représentant la plénitude de l’être, qui se dégrade peu à peu jusqu’au non-être de l’existence individuelle. La théogonie orphique va de l’être au non-être. Les Orphiques ne mangeaient pas d’œuf, sacré par excellence.

Sous les noms de Prôtogonos (« Premier-Né »), ou de Phanès (« Celui qui fait briller »), Éros est la puissance qui intègre et concilie les opposés et les contraires ; c’est la force primordiale qui permet d’unifier les aspects différenciés d’un monde déchiré par les tensions. Eros, le plus ancien dieu grec, dieu de l’Amour et de la Nécessité, est donc mis en avant, en tant que premier-né qui intègre et concilie les contraires.

Chez les Grecs, l’œuf Orphique est décrit par Aristophane et faisait partie des Mystères Dionysiaques, pendant lesquels l’œuf du monde était consacré et sa signification expliquée. En Grèce comme aux Indes, le premier Etre mâle visible réunissant en lui-même la nature des deux sexes, habita l'oeuf ; et en sortit. Le "Premier-Né du Monde" était, selon quelques Grecs, Dyonysos, le Dieu qui émana de l’œuf du Monde et de qui furent tirés les mortels et les immortels.

En Inde, l’œuf cosmique, né des eaux primordiales, couvé à leur surface par l’oiseau Hamsa en Inde, (l’esprit, le souffle divin), se sépare en deux moitiés pour donner naissance au Ciel et à la Terre.
LE PREMIER PRINCIPE D'ORGANISATION
Dans la mythologie grecque, Léda, fille de Thestios (roi d'Étolie), est l'épouse de Tyndare (roi de Sparte) et la mère de Clytemnestre, d'Hélène et de Castor et Pollux. Elle fut aimée par Zeus, qui prit la forme d'un cygne pour la séduire. De ses amours avec le dieu, elle conçut deux enfants (Hélène et Pollux), qui naquirent dans un œuf, alors que Clytemnestre et Castor, fils de Tyndare, naquirent dans un autre œuf (selon une autre version, c'est Némésis qui aurait pondu un œuf qui fut ensuite confié à Léda). Les récits varient cependant sur ce point, et les auteurs présentent parfois les Dioscures comme fils de Zeus tous deux, ou bien ne parlent que d'un seul œuf (quand ils en parlent : ce n'est pas le cas d'Homère, et les Grecs d'époque tardive avaient du mal à croire à cette légende ou s'en moquaient).
 
Les trois principes d’organisation de l’œuf :

  • Symbole de l’unité triple : Coquille, blanc et jaune.
  • Analogue à la structure d’une cellule : noyau, cytoplasme, membrane.
  • Le noyau ou jaune : structure dense, qui structure
  • Le blanc : apporte la vie
  • La membrane : apporte la cohésion, délimite, circonscrit….


C'est identique pour la structure de l’univers : la notion de Big Bang (explosion) est peu à peu remplacée par celle d’éclosion. L’univers a la forme d’un œuf…
LA SYMBOLIQUE ALCHIMIQUE

Appliqué à l’alchimie, l’œuf symbolise le vase, l’athanor dans lequel s’opère la transmutation de la matière. Jung donne un excellent résumé des rapports symboliques entre l’œuf et l’œuvre alchimique : « En alchimie, l’œuf représente le chaos tel que le conçoit l’adepte, la prima materia dans laquelle l’âme du monde est captive. De l’œuf, symbolisé par le vase de cuisson rond, s’envole l’aigle ou le phénix, l’âme libérée, identique, en dernière analyse, à l’Anthropos qui était emprisonné dans l’étreinte de Physis ».

  • Le chaos : matière vile, le plomb
  • Phénix : l’or, l’âme purifiée

Le mystère de la transmutation alchimique, comme passage de la matière à un état supérieur, s’explique par le symbolisme de l’œuf. L’œuf alchimique reçoit parfois le nom d’œuf philosophique. L’œuvre est désormais sous son signe : les appareils, le déroulement de la cuisson, et le résultat sont des moments, des formes ou des significations de l’œuf symbolique, selon la loi de l’analogie. Le vase dans lequel s’effectue la cuisson de la matière première porte le nom d’œuf en raison de sa forme et surtout du rôle de matrice qu’il joue. C’est une sorte de petit ballon, parfois en cristal, et dont l’orifice, une fois la matière introduite, doit être soigneusement clos par le sceau d’Hermès. C’est un modèle réduit de la Création. Après l’incubation, doit sortir la Pierre philosophale, l’Or spirituel, L’Enfant royal ou poussin. Union des principes masculin et féminin.
L’ŒUF ET LE SERPENT
Une liaison importante existe entre l’œuf et le serpent. Parfois l’œuf est engendré par un serpent, le serpent avale ou crache un œuf, le serpent s’enroule autour de l’œuf.

Le serpent aux sources de la vie, comme l’œuf :
  • Energie Kundalini, enroulée comme un serpent
  • Symbole de l’ourobouros : le serpent qui se mord la queue, délimitant le cosmos en forme de cercle. Le serpent empêche la désintégration de l’univers, il le contient. Perpétuelle transformation de mort en vie …
  • Le serpent gnostique autour de l’œuf
  • Le serpent (l’éon Ophis chez Valentin) est celui qui ouvre les yeux des hommes, et donc qui leur permet d’acquérir la connaissance, c’est-à-dire la gnose. Cette allégorie est fondamentale pour les gnostiques ; c’est un complet revirement dialectique des valeurs, où le Bien devient le Mal, et où le Mal devient le Bien.
LE SERPENT ET L’ŒUF
Zéro est un mot dérivé de l’arabe çifa, qui signifie vide. Il faut attendre le Moyen Age pour que le zéro apparaisse en Occident, transmis par les arabes qui lui donnent son nom, mais déjà les savants de l’Inde le connaissaient déjà au 1er millénaire avant J.C. Il n’existe pas moins de 18 termes sanscrits pour exprimer le concept du zéro, se rapportant généralement à l’atmosphère, à l’immensité de l’espace, au vide ou au ciel. Une des notions du zéro est le bindu, le germe.

Les Mayas connaissaient aussi le Zéro, et l’utilisaient abondamment dans leurs calendriers. Ils le représentaient par une coquille ou un escargot : régénération cyclique, vie fœtale.

Le Zéro est l’intervalle de la génération. Comme l’œuf cosmique, il symbolise toutes les potentialités. Il symbolise aussi l’objet qui, sans valeur par lui-même, mais uniquement par sa position, confère à d’autres de la valeur, le zéro multipliant par 10 les nombres placés à sa gauche.
Figure parfaite par excellence, sans commencement ni fin.
LA RÉNOVATION PÉRIODIQUE
La tradition des œufs que l’on s’offre, que l’on colore est universelle. Elle est liée au Nouvel An, ou moments particuliers de passage dans le calendrier. En Perse, en Chine, on s’offre des œufs colorés au Nouvel An. L’œuf symbolise la résurrection du Christ et le renouveau du Printemps dans les traditions non chrétiennes.

L’œuf symbolise alors le triptyque vie-mort-résurrection ou renaissance.
DANS LA MYTHOLOGIE ÉGYPTIENNE
Dans le Rituel égyptien, Geb, le Dieu du Temps et de la Terre, est représenté comme ayant pondu un oeuf, ou l'Univers, un "oeuf conçu à l'heure du grand un de la Force Double". Nout et lui engendrèrent l’Oeuf primordial duquel naquit le dieu Soleil. Ainsi Gecet est nommé le "Grand Caqueteur", tandis que sa fille, Isis, passe pour l’"œuf de l’oie". Geb est considéré comme le "Père des dieux", puisqu’avec Nout il a engendré le soleil, mais il est aussi le souverain de la terre. Par la suite, son autorité se transmet à Osiris, puis à Horus, et donc aux pharaons.

  • Le Défunt est resplendissant dans l'oeuf du Pays des Mystères, car c'est l'oeuf à qui la Vie est donnée parmi les Dieux". C'est l’œuf de la grande Poule qui chante, l’œuf de Geb, qui en sort sous l'aspect d'un faucon."
Dieu Ra
Ra est représenté, comme Brahmâ, se développant dans l’œuf de l'Univers. Le Dieu, dans le Livre des Morts, est représenté comme reluisant dans son oeuf (le Soleil) et il en part aussitôt que le Dieu Shou (l'Energie Solaire) s'éveille et lui donne l'impulsion. "Il est dans l’œuf Solaire, l’œuf à qui la Vie est donnée parmi les Dieux". 

Ra, le puissant, reste dans son oeuf pendant la lutte entre les "enfants de la révolte" et Shou, l'Energie Solaire et le Dragon des Ténèbres. Le défunt est resplendissant dans son oeuf, lorsqu'il s'achemine vers la terre de mystère. Il est l'OEuf de Seb. L'oeuf était le symbole de la Vie dans l'immortalité et l'éternité et, en même temps, le glyphe de la matrice génératrice, tandis que le Tau, qui lui était associé, n'était que le symbole de la vie et de la naissance dans la génération. L'oeuf du Monde était placé dans Khoom, "l'Eau de l'Espace", le principe féminin abstrait, Khoom devenant, après la chute de l'humanité dans la génération et le phallicisme, Ammon le Dieu créateur. Lorsque Ptah, le "Dieu Ardent", porte l'oeuf du Monde dans sa main, le symbolisme devient tout à fait terrestre et concret dans sa signification. Avec le Faucon, le symbole d'Osiris-Soleil, le symbole est double et a trait aux deux vies – la mortelle et l'immortelle. La gravure d'un papyrus, dans l'oedipus Egyptiacus montre un oeuf flottant de Kircher, au-dessus de la momie. C'est le symbole de l'espoir et de la promesse d'une seconde naissance pour le Mort Osirifié ; son Ame, après la purification nécessaire dans l'Amenti, accomplira sa période de gestation dans cet OEuf de l'Immortalité, pour en renaître dans une nouvelle vie sur la terre.

  • Le Dieu Solaire s'écrie : "Je suis l’âme créatrice de l'Abîme Céleste. Nul ne voit mon Nid, nul ne peut briser mon oeuf. Je suis le Seigneur ! "

A cause de cette forme circulaire, le "|" émanant du O ou de l'oeuf, ou le mâle émanant de la femelle dans l'androgyne, il est étrange de trouver un lettré prétendant que, puisque les manuscrits hindous les plus anciens n'en portent aucune trace, cela prouve que les anciens Aryens ignoraient la notation décimale. Le 10, étant le nombre sacré de l'Univers, était secret et ésotérique, tant en ce qui concernait l'unité, qu'en ce qui concernait le zéro, ou cercle.

Le symbolisme des Divinités Lunaires et Solaires est mélangé d'une façon si inextricable qu'il est presque impossible de séparer les uns des autres des glyphes tels que l’œuf, le Lotus et les Animaux "Sacrés". L'Ibis, par exemple, était hautement vénéré en Egypte. Il était consacré à Isis, qui est souvent représentée avec la tête de cet oiseau, et était aussi consacré à Thot qu'on dit avoir pris sa forme au moment où il fuyait Typhon. Il y avait deux sortes d'ibis en Egypte, nous dit Hérodote; l'une entièrement noire et l'autre noire et blanche. On prétend que la première combattait et exterminait les serpents ailés qui venaient tous les printemps de l'Arabie et infestaient le pays. L'autre était consacrée à la Lune, parce que cette planète est blanche et brillante du côté externe, et noire et obscure du côté qu'elle ne montre jamais à la Terre. De plus, l'ibis tue les serpents de terre et détruit des quantités énormes d'oeufs de crocodiles et par conséquent, protège l'Egypte contre le danger de voir le Nil infesté par ces horribles sauriens. On prétend que l'oiseau accomplit cette besogne au clair de Lune et, par conséquent, avec l'aide d'Isis dont la Lune est le symbole sidéral. Mais la plus correcte vérité ésotérique, cachée sous ces mythes populaires, c'est qu'Hermès, comme l'explique Abenephius, veillait sur les Egyptiens sous la forme de cet oiseau et leur enseignait les arts et les sciences Occultes. Cela veut dire tout simplement que l'ibis religiosa possédait, et possède encore, des propriétés "magiques", comme beaucoup d'autres oiseaux, surtout l'albatros et le cygne blanc mythique, le Cygne de l'Eternité ou du Temps.

C'est parce que le serpent est ovipare qu'il devient le symbole de la Sagesse et l'emblème des Logoï, ou des nés d'eux-mêmes. Dans le temple de Philæ, dans la Haute Egypte, on préparait artificiellement un oeuf, avec de l'argile mêlée à divers encens. On le faisait éclore par un procédé spécial et il en sortait un céraste, ou vipère à cornes. On en faisait jadis autant dans les temples des Indes, pour le cobra. Le Dieu créateur émerge de l'oeuf qui sort de la bouche de Kneph, sous forme d'un Serpent ailé, car le Serpent est le symbole de la Toute Sagesse. L'Oeuf et le Serpent sont inséparables dans l'ancien culte et dans la symbologie de l'Egypte.

Selon le mythe de Ogdoade d'Hermopolis, la voie lactée a émergé des eaux sous la forme d'une colline de détritus, qui deviendra le dieu Hathor.Ra était dans un œuf déposé sur ce monticule par un oiseau céleste. Dans une version antérieure de ce mythe, l'oiseau est une oie. Plus tard après l'apparition du culte de Thot, l'œuf est présenté comme étant un cadeau donné par Thot et déposé par un ibis, l'oiseau auquel Thot était associé.



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