dimanche 22 juin 2014

Le Culte du Chat

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Le chat était l’un des nombreux animaux dont les attributs furent vénérés dans l’Égypte antique. Il était notamment associé au symbole de protection. Tout d’abord avatar du dieu Rê en tant que pourfendeur du serpent Apopis, il connaîtra le sommet de son influence en tant qu’incarnation de la déesse Bastet.


LES RACES DE CHAT DE L'EGYPTE ANTIQUE
  • Le chat sauvage d’Afrique Felis silvestris libyca est le chat le plus répandu. On le retrouve partout en dehors du Sahara et des forêts tropicales. Comparable aux Siamois, il possède un pelage foncé pour les groupes vivants en forêt, plus clair pour ceux vivants dans le désert.
  • Le chat des marécages Felis Chaus est un chat vivant dans les zones humides, on en trouve également en Asie. Il a un museau long et fin, des pinceaux noirs sur les oreilles et une queue annelée. Son pelage est d’un brun épais ou rougeâtre marqué de bandes noires sur les pattes antérieures.
  • Le chat serval Felis serval est un chat originaire de Nubie, on le retrouve du Sud du Sahara à l’Afrique australe. Préférant la nuit, il vie dans la savane. Son pelage tacheté est d’un brun fauve et s’éclaircit sous son corps. Il a de grandes oreilles, une petite tête et de grands yeux.

LA VIE DU CHAT PENDANT L'EGYPTE ANTIQUE
Les Égyptiens de l’Antiquité nommaient le chat par l’onomatopée «miou», dont la transcription est miw au masculin et miwt au féminin. On retrouve cet onomatopée dans la langue française pour le verbe miauler. Le domestication du chat eut lieu en Égypte au cours du IIIe millénaire av. J.-C.. Avant de devenir un animal de compagnie apprécié pour sa douceur, sa grâce et sa nonchalance, le chat est avant tout un animal protecteur. En chassant les petits rongeurs, il protège les silos à grain où les Égyptiens entreposaient leur récolte et notamment le blé, ressource ô combien vitale pour ce peuple d’agriculteurs. En chassant les rats, le chat élimine un vecteur de maladies graves comme la peste. Enfin, en chassant les serpents, il rend plus sûrs les alentours des foyers proches d’où il a établi son territoire.

Il semble que chaque temple possédait ses propres chats dont le « gardien des chats » (poste important transmis héréditairement) avait la charge. Le chat, comme les autres animaux sacrés, avait un statut particulier dans la société égyptienne. Ainsi il était interdit de tuer ou même de maltraiter les chats, et les contrevenants risquaient une peine très lourde pouvant aller jusqu’à la mort ! Les milliers de momies de chat retrouvées dans des cimetières pour chats peuvent nous faire penser qu’il était l’animal le plus populaire de l’Égypte antique. Cependant, le grand nombre de momies de chats retrouvées peut aussi s’expliquer par sa petite taille (on enterre plus facilement un chat qu’un taureau). Dans les palais, le chat était l’animal domestique par excellence, élevé dans l’abondance. La tradition voulait que leurs maîtres se rasent les sourcils en signe de respect quand le chat venait à disparaître et un deuil de 70 jours avait lieu le temps de sa momification. Le chat accompagne parfois son maître dans l’au-delà sous forme de statuette (ou sculpté sur les sépultures). On trouve également le chat représenté sur de nombreux vases, bijoux et vaisselle, ainsi que dans les peintures (notamment sous le siège de la femme, comme symbole protecteur).

Dans la mythologie égyptienne L’Égypte, tant politiquement que culturellement, n’a pas toujours formé un bloc uniforme. A l’origine, il y avait de nombreux royaumes, dirigés par des tribus, pour la plupart totémiques, axant leur culte sur des animaux.

Les Égyptiens voyaient les dieux non pas comme de simples esprits, mais comme des entités intelligentes, capables de s’incarner dans tout être ou objet. Bastet, la déesse à tête de chat, était à l’origine peinte comme un lion protecteur et belliqueux. Son image a, au cours du temps, été modifiée pour l’associer aux chats domestiques, bienveillants mais sauvages. Les chats, en tant qu’incarnation de Bastet, était momifiés.


Représentation de la Déesse Bastet et du Dieu Anubis


LE CULTE DE LA DÉESSE BASTET 
Quelques informations intéressantes concernant le culte de Bastet dans la mythologie égyptienne :


  • Micerino le nom du bâtisseur de la troisième pyramide de Gizeh al a également construit un temple à Bubastis dédié à Bastet. 
  • Bastet est devenue une divinité nationale quand Bubastis devint la capitale de l'Egypte vers 950 avant notre ère et gagna en importance en tant que centre commercial et le commerce et le lieu de la célébration rituelle. 
  • Denderah en Haute-Egypte a été parfois connu comme le "Bubastis Sud". 
  • Preuve de peintures des tombes suggère que les anciens Égyptiens chassaient avec leurs chats, qui ont apparemment été formés pour récupérer proie. 
  • Bastet a remplacé l'ancien culte de Mafdet, la première déesse chat. 
  • Bastet a été à l'origine associé à Ra et au Soleil, mais les Grecs l'ont lié à Artemis et ont déclaré qu'elle était une déesse de la lune. 
  • Plus de 300.000 chats momifiés ont été découverts lorsque le temple de Bastet à Per-Bast a été fouillé. 
  • Le culte de Bastet a été officiellement interdit par décret impérial romain en 390 après JC. 

La Déesse Bastet
Bien que le culte du chat soit déjà un mouvement religieux important à l’avènement du Nouvel Empire, il prit de l’ampleur quand Sheshonq Ier développa la ville de Bubastis (arabe : Tell Basta), chef-lieu de la déesse Bastet, située à l’est du Delta du Nil. Bastet devint très populaire et importante au sein de la population, représentant alors la fertilité, la maternité, la protection et l’aspect bénévole (dans le sens étymologique, de bon vouloir) du soleil - de même que Sekhmet, elle était appelée l’Œil de Rê. Réunissant des milliers de croyants et autant de pèlerins, le culte du chat était responsable de l’arrivée annuelle d’une population immense dans les rues de Bubastis. Bubastis devint un autre nom de Bastet.

Près du centre de la cité, on pouvait voir le Temple de Bastet. Ce temple était rabaissé par rapport au reste de la cité, pour éviter l’érosion de l’eau, mais a été surélevé par la suite pour éviter les inondations.

Le Temple consacré à Bastet était constitué d’un canal, qui entoure le Temple, et donne à ce dernier une allure d’île déserte. Dans la court se trouvait une allée d’arbres, menant vers l’entrée intérieure, qui exposait une statue massive de Bastet, ainsi qu’un nombre important de chats sacrés dont les prêtres chats, très respectés, n’en restaient pas moins extrêmement nombreux, et un sacrifice périodique était organisé. Les chats sacrifiés, souvent des chatons, étaient ensuite bénis et momifiés, puis vendus comme reliques sacrées. Bubastis devint un centre de commerce, que ce soit dans la vente du bronze, des sculptures ou des amulettes à l’effigie du chat.

Ruines de Bubastis (Temple de Bastet)

Le culte de Bastet était connu pour ses cérémonies orgiaques. Jusqu'à 700 000 hommes et femmes faisait le pèlerinage jusqu'à Bubastis chaque année pour honorer la déesse Bastet afin de participer à des célébrations et des grandes processions. Hérodote, l'historien grec ancien (c. 484-425 BC) a écrit:

  • "... Ils viennent à Bubastis (et) ils commencent la fête avec de grandes offrandes et des sacrifices, au cours de laquelle plus de vin est consommé que pendant tout le reste de l'année".

Elien (. Environ 175 - environ 235), un ancien historien romain par écrit sur ​​Leontopolis dit:
  • "En Egypte, ils adorent les lions, et il y a une ville appelée après eux. Les lions ont des temples et de nombreux espaces dans lequel se promener; la chair des bœufs leur est fourni tous les jours et les lions mangent à l'accompagnement de la chanson dans la langue égyptienne "


Bastet tenant le Sistre
Les attributs qui lui sont associés sont la couronne-Atef, la couronne-Hedjet, le disque solaire, l’égide, le panier, le sistre et l’uræus. Les liens entre la déesse et le chat et le lion sont évidents, mais que dire de l'Ankh et le sistre ? L'Ankh était la croix avec la poignée qui s'est tenue dans les mains des Dieux comme un symbole de leur pouvoir à donner ou à reprendre la vie. Le symbole de l'Ankh signifiait «vie» et représentait à la fois la vie physique et éternelle. e sistre est un ancien instrument de musique à percussion, un hochet sacré utilisé dans divers rites et cérémonies égyptiennes antiques. Le Sechech, sistre cintré sonore : un arc métallique est traversé par des tiges métalliques mobiles, des pastilles métalliques peuvent aussi coulisser sur les tiges. Le tintement devait évoquer le bruit du vent dans le fourré de papyrus. Le défunt agite ce sistre pour appeler la déesse dans sa féminité afin qu'il la féconde. Elle est une déesse à double visage : sous sa forme de chatte ou de déesse à tête de chat, elle est la déesse bienveillante protectrice de l’humanité, également déesse musicienne de la joie et déesse de l’accouchement. On la représente ainsi parfois souriante. Elle est également réputée pour ses terribles colères. En revanche, sous les traits d’une déesse à tête de lionne, elle s’identifie alors à la redoutable déesse de la guerre, Sekhmet. La séduisante déesse à tête de chat, sacrée, protectrice des femmes et des enfants, détient le pouvoir magique qui stimule l’amour et l’« énergie charnelle ».


RITES ET TRADITIONS FUNÉRAIRES
Les chats qui mourraient, où que ce soit en Égypte, étaient amenés à Bubastis pour être momifiés et enterrés dans le Grand cimetière. Cependant, il semble que ce ne soit que très exceptionnel. Il a été ainsi retrouvé près de 20 m3 de cadavres de chats, et des traces de crémation, des os dans des vases, des puits, de l’argile. A coté de chaque puits, un autel et un foyer, noirci par le feu. La momification est censée permettre au ka (l’esprit) du défunt de retrouver son hôte et y renaître dans l’autre monde. Pour cela, le corps doit rester intact - la crémation interfère avec ce processus. Néanmoins, brûlés ou non, les chats recevaient les rites funéraires et l’embaumement, au même titre que leurs propriétaires. En 1888, la découverte du Temple de Bastet, amena à l’excavation de près de 19 tonnes de momies et de restes animaux - dont relativement peu de chats. Récemment, Roger Tabor découvrit un autre cimetière félin au Temple de Bastet, soulevant une couche épaisse de 20 cm de momies compressées par les débris du temple, étalées sur une largeur de 6 mètres.

L'image suivante montre une scène du temple dans laquelle Bastet est adorée. La fleur de lotus , est très présente dans l'image, tout comme le brûleur d'encens. Les offrandes d'encens été faites sur une base quotidienne et son parfum a joué un rôle très important dans les temples pour les rituels magiques. Seuls les prêtres, prêtresses et rois étaient autorisés à l'intérieur des temples, les Egyptiens ordinaires quant à eux célébraient la Déesse à leur domicile grâce à des petits autels dédiés. 


Cérémonie d'offrande à la Déesse Bastet

LE DÉCLIN DU CULTE DE BASTET
Le culte de Bastet a été officiellement interdit par décret impérial, vers 390 av. J.-C. Le chat en Égypte a donc vu un déclin progressif de son intérêt, bien que resté en tant qu’animal de compagnie, il n’était plus adoré dans les temples. À cause notamment des maladies, et de la peste en particulier, qu’il transmettait, le chat n’a plus, aujourd’hui, l’importance qu’il a eu en Égypte. 

Le chat n’est-il plus l’œil de Rê ? Rê ne nous regarde t’il plus ? J’entends par là nous interroger sur la nécessité de croire en quelque chose d’utile et sur l’utilité même de la croyance. Les chats furent élevés au rang de Divinité alors même qu’ils nous apportaient tous les jours la protection et le confort. Dès lors, leur culte est interdit, lorsqu’ils deviennent eux même vecteurs de maladies. Aujourd’hui, ils ne sont plus que de pauvres bêtes.

LE CULTE DU CHAT DANS L'OCCULTISME
Le chat, associé en Egypte à la puissance des Dieux et notamment celle de Bastet qui habitait son âme, il est devenu "satanique" au Moyen-Age notamment sous l'inquisition.
Les chats étaient brûlés au même titre que les sorcières sur des bûchers, empalés sur des pics. René Lachaud dans l'Egypte ésotérique des Pharaons aux Editions Trédaniel, nous donne la véritable raison de l'adoration des chats : sa colonne vertébrale, si souple, est un Djed vivant où s'écoule sans encombre le fluide vital. Voilà pourquoi le chat est détenteur d'une intense puissance énergétique. René Lachaud le dit d'ailleurs "soli-lunaire".

  • Solaire ? 
Ses yeux ne sont-ils pas ronds comme le disque solaire ?
Et n'est-il pas associé à Bastet, chaleur rayonnante et à son pendant "sombre", Sekhmet, feu dévorant, quand la chatte douce et bienveillante se meut en lionne impitoyable ?
Certains disent d'ailleurs que ses moustaches cristallines sont l'un des hiéroglyphes du Feu secret.

  • Lunaire ?
N'oubliez pas que le chat voit dans le noir. Il peut s'aventurer dans les "ténèbres" et traverser avec agilité les "pièges de l'obscur", exactement comme Thot/Mercure, dieu psychopompe (et lunaire), qui descend dans la Duat et en ressort toujours aussi lumineux.
Représentation d'Apophis en Serpent et de Bastet en Chat

Bastet est représentée ici sous la forme d'une chatte, elle lutte contre le serpent Apophis qui tente de s'opposer à la course du char solaire dans le monde souterrain.

Pour les Alchimistes, le chat a le pouvoir de combattre "les dragons", les "serpents" que nous portons tous en nous. Il "descend" dans les grottes de nos inconscients. Ainsi, dans sa symbolique profonde, le chat est un Dissolvant redoutable, au sens alchimique du terme. Il absorbe, combat, tue, les pesanteurs grossières qui nous freinent et nous réduisent à néant, favorisant ainsi la renaissance.

Représentation alchimique : Chat Paon Chouette

Ci-dessus une représentation ancienne des trois animaux directement liés aux connaissances occultes.

Hiéroglyphe de Bastet
Bastet possède également bien des pouvoirs magiques. Mieux encore, on la dit porter en elle tous les pouvoirs divins. Sa tête est celle de Râ, son nez celui de Thot, sa bouche celle d'Atoum, son coeur celui de Ptah, son ventre celui d'Osiris, ses hanches celles d'Horus... Ainsi, invoquer Bast en magie, induit la libération de tous les poisons qui nous infestent, qu'ils soient physiologiques, moraux, psychologiques ou même imaginaires. Elle soigne les maladies mentales également. Mais, parce que son coeur est "celui de Ptah", elle agit avec douceur, connaissance et intuition. A Karnak, la déesse se tient assise devant un grand pot à onguent scellé qui contiendrait bien des secrets divins. (la racine de son nom, BST, symbolisé en hiéroglyphes par un pot à onguent fermé). L'onguent : Bastet a la connaissance des plantes sacrées, et, murmure-t-on ça et là, de celle qui octroie jouvence et sans doute, immortalité...

Certes, Bastet séduit. Bien sûr, elle est la réalisation créatrice, la kundalini qui s'élève le long de la colonne vertébrale (pensez au chat, à sa colonne si souple et au djed...). D'ailleurs, cette puissance qui est la sienne amenera les prêtres des temples à l'assimiler parfois totalement à Isis et plus encore à Hathor. La fête de Bubastis célébrait également la sexualité, et dans sa manifestation tant physique que "divine". L'acte sexuel, quand de surcroît, s'y ajoute le sentiment du coeur, est le meilleur "escalier céleste" vers les Dieux ! Bastet protège, soigne, elle est la féminité épanouie, sereine, sûre de son charme, elle aime la musique, les arts, la beauté, la danse. Cette déesse féline adopte un visage différent selon ses intentions : elle peut avoir une tête de chatte (Bastet) lorsqu’elle est associée à la fécondité et à la joie ou bien une tête de lionne (Sekhmet) lorsqu’elle est associée aux ravages du Soleil.

  • "Bastet aujourd'hui, Sekhmet demain !" avaient coutume de dire les Egyptiens.


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